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Autrefois

BRUYERES, AUTREFOIS

La ville de Bruyères est née sur un site de hauteur. Aux III° et IV° siècles ap. J.C., un habitat gallo-romain (peut-être un sanctuaire religieux) était installé au sommet de l'Avison.

La vocation la plus anciennement connue de Bruyères fut en toute logique militaire. La tradition prétend que c'est au VI° siècle que la colline dite Du Château fut fortifiée, mais aucun document ne permet de l'attester. De toute façon, le château existait avant la ville de Bruyères elle-même : il est probable que le duc de Lorraine l'érigea au cours du X° siècle quand il s'imposa comme le voué (protecteur) du chapitre Saint-Pierre de Remiremont qui était à l'origine des défrichements dans la vallée de Champ autour de la Vologne.

Les premières mentions de Bruyères figurant dans les archives du chapitre de Remiremont datent du début du XII° siècle. Puis en 1189, une charte de Pierre de Brixey, évêque de Toul, confirme les donations faites par Gérardus de Brueriis à l'abbaye de Beaupré près de Nancy. En 1196, l'empereur d'Allemagne Henri VI, de passage à Bruyères, séjourne au château et y signe un acte par lequel il confirme les privilèges du chapitre de Saint-Dié.

1263 : ACTE DE NAISSANCE DE LA VILLE DE BRUYÈRES

Au cours du XIII° siècle, Bruyères parvient, malgré sa taille très réduite, au statut de ville. Depuis 1251-1254, la duchesse régente de Lorraine Catherine de Limbourg a établi un tonlieu (droit de passage sur les marchandises) à Bruyères, ce qui indique la place tenue par la ville dans le trafic commercial à travers les Vosges, entre Alsace et Lorraine. En 1263, le duc de Lorraine Ferri III met à la loi de Beaumont les bourgs de Bruyères et Arches, leur conférant par là le statut de véritables villes.

A partir de ce XIII° siècle, les documents se multiplient, motivés par les querelles incessantes entre le chapitre Saint-Pierre de Remiremont et son voué le duc de Lorraine, pour le partage des revenus fiscaux du domaine du chapitre. Le document le plus fameux est l'Echappe-Noise en 1295, par lequel le duc et le chapitre se partagent par moitié les revenus et gens du Val de Champs, et qui fait mention du prévôt le plus anciennement connu, Audate de Bruyères. Fonctionnant sous l'autorité d'un bailli installé à Mirecourt et comme lui nommé directement par le duc de Lorraine, le prévôt était le principal représentant du duc dans sa prévôté : il avait la haute main sur la police et la justice. La gestion des finances était confiée à un receveur aidé d'un contrôleur dépendant de la Chambre des comptes du duc de Lorraine installée à Nancy, tandis qu'un capitaine placé sous l'autorité directe du duc avait en charge le commandement du château.

1475-1525 : Varin Doron libère Bruyères

La fin du XV° siècle est marquée par la guerre sans merçi entre le duc de Lorraine René II et le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, dans laquelle Bruyères tient une place remarquée. En 1475, les Bourguignons prennent Bruyères, mais ils en sont délogés en 1476 grâce à l'initiative d'un marchand bourgeois, Varin Doron. Cette anecdote est passée à la postérité par Dom Calmet qui la relate dans une chronique placée dans les Preuves de son Histoire de la Lorraine. C'est lui aussi qui nous apprend que, dans la reconquête de Bruyères par les Lorrains, les habitants de Laveline ont joué un rôle assez décisif pour que René II les fasse tous gentilshommes.

Du XV° au XVIII° siècles, Bruyères bénéficie pleinement de sa position géographique et des circonstances historiques qui font d'elle la plaque tournante d'un vaste trafic commercial à travers les Vosges. Le passage des vins, installé sur le pont d'Aulfaing à La Chapelle, rapporte au XVI° siècle autant que la recette fiscale de la prévôté. Dans l'ordre administratif du duché de Lorraine, Bruyères se place alors au niveau de Lunéville, Epinal ou Saint-Dié. La ville se peuple progressivement : de 140 habitants en 1503, elle passe à 545 en 1602. En 1612, la paroisse de Bruyères est détachée de la cure de Champ, et dès 1614 la ville fait construire une église à la mesure de ses besoins.

1618 - 1648 : La guerre de 30 ans et la peste

A la veille de la Guerre de Trente ans, en 1618, Bruyères compte 690 habitants. De septembre 1629 à mars 1630, la ville est touchée par la peste, puis elle est mise à sac en 1635 et en 1643 par les mercenaires allemands des princes protestants (que la tradition nomme improprement Suédois). En 1648, la population a chuté de moitié, à 330 habitants. Comme le reste de la Lorraine, soumise à une deuxième occupation française, Bruyères mettra du temps à se relever de cette épreuve : en 1669, elle compte seulement 435 habitants, et ce n'est qu'au début du XVIII° siècle qu'elle a comblé ses pertes, avec 760 habitants en 1708.

1700 : La prospérité retrouvée

Le XVIII° siècle est un siècle de prospérité commerciale. Les foires et marchés de Bruyères attirent les marchands alsaciens, lorrains et bourguignons : à chacune des cinq foires annuelles, on vend à Bruyères plus de deux cents bovins. La ville construit une halle aux grains en 1703 (le futur Collège, puis la Poste actuelle), un palais de justice en 1704 (l'actuel Hôtel de Ville), et en 1716 le comte de Girecourt y fonde un hôpital. En 1751, la prévôté est transformée en bailliage, ce qui fait grimper encore Bruyères dans l'ordre administratif. En 1769, la place du marché aux bestiaux est aménagée et devient la place Stanislas, bordée de tilleuls plantés en 1779. En 1783, la ville compte 1813 habitants, dont beaucoup d'artisans très divers et de nombreux hommes de loi.

1793 : L'éclatement de la prévôté

Durant la période révolutionnaire, en 1793, Bruyères devient le chef-lieu d'un des dix districts vosgiens, mais la nouvelle réforme administrative de 1798 lui porte un mauvais coup. Elle n'est pas retenue parmi les cinq chefs-lieux d'arrondissement, son ancienne prévôté est découpée en trois cantons (Bruyères, Brouvelieures et Corcieux), et elle devra se contenter d'être le chef-lieu de son canton.

Au cours du XIX° siècle, l'expansion économique se poursuit. Bruyères est alors le siège d'un important marché agricole, qui se tient chaque mercredi, au coeur d'une vallée très peuplée, et chaque deuxième et quatrième mercredi de chaque mois est jour de foire, ce qui dote la ville de 24 foires annuelles. La population augmente lentement, de 2118 habitants en 1806 à 2494 en 1846. L'ancienne église est remplacée par l'église actuelle, plus spacieuse, en 1842.

19e siècle : l'essor industriel et militaire

La deuxième moitié du siècle est vraiment la grande époque de Bruyères. Comprenant l'enjeu capital que représente alors le chemin de fer, la ville fait de gros sacrifices pour obtenir que la voie ferrée Arches-Laveline y passe : elle contribue au percement du tunnel et à l'aménagement de sa gare en 1869. La nouvelle frontière franco-allemande installée sur les sommets vosgiens en 1871 fait de Bruyères une ville de garnison essentielle dans le dispositif militaire de l'Etat français : deux casernes d'infanterie se développent le long de la route de Laval (actuelle rue De Lattre de Tassigny) et une caserne d'artillerie se construit au quartier Barbazan. Plusieurs milliers de soldats, dont de nombreux officiers et sous-officiers, y séjournent en permanence. A la fin du siècle, la ville devient un lieu de séjour très recherché par l'aristocratie et la bourgeoisie qui inventent le tourisme : quatre hôtels cossus accueillent cette clientèle aisée. Dans le même moment, la vallée de la Vologne s'industrialise rapidement grâce au textile. Les villages se lancent dans la production de la pomme de terre à grande échelle, pour les féculeries, ce qui freine l'exode rural entamé depuis 1846. En 1891, 1896 et 1911, Bruyères dépasse les 4000 habitants.

1918 : Bruyères perd son role militaire

La guerre 1914-1918 interrompt brutalement ce bel essor. Soixante-dix-neuf jeunes Bruyérois sont morts sur les champs de bataille. Surtout, la nouvelle situation militaire engendrée par la Victoire de 1918 a repoussé la frontière franco-allemande sur le Rhin : Bruyères perd son rôle militaire et tombe de 4450 habitants en 1911 à 2908 en 1926.

1944 : Bruyères, une des plus grosses bataille de la campagne de France

La deuxième guerre mondiale est une nouvelle épreuve. Le 18 juin 1940, la ville est bombardée par 5 avions ennemis, et l'occupation allemande commence le 21 juin. Pour les Bruyérois, comme pour les Français, la défaite de 1940 ouvre quatre années d'humiliations, d'incertitudes et de privations. Durant ces années, 18 Bruyérois disparaissent dans les camps de déportation nazis, dont 11 étaient de confession juive. A l'automne 1944, Bruyères est une grande bataille de l'armée américaine, notamment de son 442° régiment composé de soldats d'origine japonaise. Du 30 septembre au jour de sa libération le 19 octobre, Bruyères reçoit des dizaines de milliers d'obus, qui font 25 victimes civiles. En partie détruite, la ville devra se reconstruire.

L'après guerre

La paix revenue, Bruyères profite de la prospérité des Trente Glorieuses. A contrecoeur, elle doit tourner la page de son passé militaire révolu pour se tourner vers des fonctions moins glorieuses : elle affirme son rôle scolaire, avec son nouveau lycée en 1965, complété par un collège en 1975, et elle développe son rôle sanitaire en modernisant son hôpital et ses maisons de retraite. En 1960, elle commence une nouvelle aventure industrielle avec l'installation du C.I.PA. (usine de rétroviseurs automobiles) sur l'emplacement d'un ancien tissage.

Mais la ville n'a pas encore retrouvé sa splendeur passée. Elle n'a plus atteint ses 4000 habitants du début du XX° siècle : remontée de 3269 en 1946 à 3852 en 1975, sa population atteinte par la crise et touchée par le chômage a reculé à 3362 en 1999.

Les années 2000 : les perspectives d'avenir

Aujourd'hui la ville attire les personnes par son cadre de vie agréable et sa proximité des grandes villes du département (A égale distance d'Epinal, St Dié et Remiremont : 25km). Elle se situe aussi à 25Km de Gérardmer et donc offre une accessibilité intéressante aux sites touristiques de ce secteur. Bien sur elle bénéficie aussi de beaucoup d'infrastructures et d'un commerce local assez complet. L'avantage des villes moyennes sans les inconvénients.

Claude MARCHAL,
professeur d'Histoire
au Lycée Jean Lurçat de Bruyères.

 


LE BLASON

Les premières armes de Bruyères

A l'origine ces armoiries sont dessinées d'une façon sur une des planches qui représentent l'entrée du Duc Henri II à Nancy, et dans le Héraut d'armes de Lorraine, à savoir :

" D'azur, à la montagne surmontée d'une ville entourée de murailles ; au centre, une église et son clocher ; à dextre et à sénestre, des maisons ; en chef, deux étoiles ; le tout d'argent ".

Le blason définitif

Bruyères étant devenu le chef-lieu d'une prévôté, elle possède à ce titre des armoiries, ainsi blasonnées dans le Livre de l'Hérauderie qui est au Trésor de Chartres et considéré comme un document officiel :

" D'azur, à la tour d'argent crénelée, accompagnée au canton dextre d'une maison avec deux panonceaux de même, et au sénestre d'une église avec son clocher, aussi d'argent, en chef trois étoiles d'argent ".

Il est dit que ces armoiries faisaient peut-être allusion à la tour de la Cabée ou aux constructions que le Duc Ferry III fit ériger à Bruyères.

Les 3 étoiles symbolisent les 3 pouvoirs du chef-lieu de prévôté : pouvoir religieux, pouvoir militaire, pouvoir politique.

De plus Bruyères a été décoré de la croix de guerre suite à la bataille de 1944.