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La Libération de Bruyères

A la mi-septembre 1944, la bataille de Lorraine s'apprête à être déclenchée. Bruyères en sera une étape importante avec des faits d'arme. Cette bataille moins connue fera plus de morts que la bataille de Normandie avec 35 000 tués et blessés coté alliés et 70 000 côté Allemands. La 3ème armée de Patton attaque au Nord en direction de Metz, la 2ème D.B. du Général Leclerc plus au Sud de Metz qui libérera Strasbourg, le 6ème corps d'armée du général Jacob Devers s'axant au centre vers Epinal, ensuite Bruyères et enfin complètement au sud la 1ère armée Française du Général de Lattre de Tassigny qui libérera Belfort avant de remonter sur l'Alsace.

Ces textes sont issus de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

 
 

GO FOR BROKE

Après l'attaque surprise de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, la situation des Américains d'origine japonaise change. Ils sont victimes de représailles et à San Francisco le Q.G. des forces militaires du pacifique fait pression auprès du président Roosevelt pour que celui ci décide que l'on pourra interdire des zones à certaines personnes pour des raisons d'intérêts militaires. C'est le feu vert à la déportation des Nisei* vers des camps de concentration dans des zones désertiques. 110 000 Américains d'origine japonaise se retrouvent prisonniers dans leur propre pays, par crainte de trahison de leur part.


Combatant médaillé pour
son action héroïque à Bruyères

* Nisei : japonais né à l'étranger (hors du japon) descendant de Japonais émigrés.

 

Lorsque les autorités militaires forment des bataillons de volontaires Japonais, les jeunes s'engagent pour prouver leur loyauté avec espoir de retrouver une place dans la société américaine. 4500 volontaires de Hawai et des camps de concentration, sont envoyés dans un camps d'entraînement dans le Missipi pour former le 100/442 régiment de combat. Il s'agit d'un régiment exclusivement composé de Nisei et encadré par des blancs. Ce régiment adopte comme devise « Go For Broke » ( Risquer tout pour gagner grand).

Le baptême du feu du 100/442ème aura lieu lors de la campagne d'Italie. Ils participent à chaque bataille : Naples, Cassino, Anzio, Piza. Le prix à payer est lourd, car en 15 mois de campagne il y eu 2800 hommes morts ou blessés au champ d'honneur. La ténacité au combat de ces soldats leur vaut le surnom de « petits hommes de fer ». Pour le général Mark Klark ce sont les meilleurs soldats de l'armée américaine.

 

L'étape suivante est la libération de la France et la Bataille de Bruyères. Pour la libération de la ville le régiment perdit 1200 hommes sur les 2500 engagés. Deux jours plus tard, à peine reposés ils repartent pour effectuer le sauvetage d'un bataillon Texan qui s'est laissé encercler par les forces ennemies. Ce sauvetage est certainement la page la plus sanglante de l'histoire du bataillon. Pour sauver les 270 Texans du bataillon perdu, 800 Yankee Samouraï furent sacrifiés. Lors de l'assaut final vers la colline du Trappin des saules, seuls 23 hommes sur 290 redescendront.

Ce régiment, composé de soldats considérés comme des étrangers ennemis, finira la guerre comme l'unité la plus décorée de l'armée américaine avec 18 000 citations pour conduite héroïque.

En savoir plus sur la bataille de Bruyères

Ce texte est issu de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

avant LA bataille

 

Fin août 1944 de longs convois Allemands formés de toutes sortes de véhicules, chargés d'équipements, de vivres et du butin de certains pillages, traversent Bruyères pendant 4 à 5 jours. Ils se dirigent vers St Dié. L'infanterie de marine allemande qui occupait Bruyères est remplacée par des Somaliens Italiens et des Erythréens. A leur tour, ils s'en iront mais Bruyères n'y gagne pas au change.

Le 5 septembre 1944 : le SIPO-SD ( sécurité du Reich) de Lyon, responsable de l'arrestation des chefs de la résistance française en 1943 se trouve au grand complet dans la cité de l'Avison : Werner Knab, Klaus Barbie, les officiers Harry Stengritt et Krüll, les collaborateurs du PPF de Doriot avec à leur tête Marcel Bergier et Charles Marandin. En plus de tout cela, une centaine de S.S. français commandés par le trop connu Müller, responsable de massacres dans le massif du Vercors, arrive le jour même à Bruyères. Toutes ces personnes s'installent dans les plus belles demeures après y avoir chassé leurs habitants.

Ce même 5 septembre 1944, Himmler effectue une visite éclaire à Gérardmer à la villa Chevalier où il a convoqué les responsables de l'armée allemande et des S.S. Deux mots d'ordre :

  • tenir coûte que coûte le massif Vosgien jusqu'au printemps 1945 et pour ce faire réquisitionner les populations civiles afin d'entreprendre des travaux de fortification ;
  • intensifier la lutte contre le maquis en accentuant les opérations de représailles à l'égard des villes et villages afin de couper les maquis de leurs bases.

A Bruyères, ces premiers jours de septembre sont rythmés par un harcèlement du maquis et particulièrement par le groupe grand-père de Beauménil. Mais les S.S. et les miliciens menés par Klaus Barbie appliquent les consignes de Himmler.

En représailles, les S.S. mettent le feu le 5 septembre à 13 heures à la scierie Marchal et cinq maisons de Champ le Duc. Les Allemands embarqueront les hommes venus éteindre l'incendie et 43 d'entre eux, dont 4 Bruyèrois, seront déportés dans les camps de la mort. Les trois quarts périront.


Brasserie Bexon place Stanislas

Eglise de Champ le Duc

 

Le 6 septembre, se sentant sous la menace d'une attaque du groupe F.F.I. de Bruyères d'Albert Mercier, les miliciens et les S.S., qui stationnent à la brasserie Bexon, prennent en otage 23 habitants qu'ils enferment dans un abri anti-aérien.

Le 7 septembre, les SS brûlent des fermes ici et là.

Le 8 septembre, Barbie se rend à Réhaupal où il n'a pas encore réussi à localiser le maquis. Un détachement de soldats Allemands et de cinq miliciens Français incendie des maisons et la scierie Rivat, appliquant la même méthode qu'à Champ le duc. Ils fusillent cinq hommes et le maire M. Rivat est emmené par Klaus Barbie, son corps sera retrouvé défiguré huit jours plus tard. Un détachement se rend à Varinfête où selon le même scénario deux hommes seront abattus.

Pendant ce temps, le 6ème corps de l'armée Américaine du Général Devers arrive sur les bords de la Moselle et cherche à obtenir des renseignements afin de prendre Bruyères qui lui ouvrira la route de St Dié. Le Capitaine Justin Greene et le Major Millas dirigent le service de renseignements de la 36ème division (SSS G2).

Ils décident d'utiliser les services du révérend Joseph Thiry membre de l'intelligence service. Objectif, aller implanter un centre de renseignements sur le secteur de Bruyères afin d'obtenir régulièrement des informations sur l'organisation de la défense des Allemands sur Bruyères.

Le père Thiry et le Major Millas, accompagnés par le garde forestier Otton Rebettez, traversent les lignes allemandes et atteignent Bruyères où ils prennent contact avec Max Moulin qui accepte de créer un centre de renseignements sur place. Max Moulin reçoit le nom de code JOE 1908-2. Etant libraire, Max Moulin possède encore des cartes d'état major qu'il va explorer efficacement. Ses plans, la clarté de ses informations vont être d'une grande utilité à l'état major Américain dans les jours à venir.

Le 24 septembre, deux filles d'Epinal travaillant pour le renseignement Américain, passent les lignes et viennent annoncer à Max Moulin qu'Epinal est libéré depuis deux jours et que les troupes Américaines devraient arriver d'ici quelques jours. Max Moulin envoie le F.F.I. Emile Daniel porter un plan quadrillé de Bruyères, caché dans sa pompe à vélo, à l'état major Américain. Il passe les lignes à Deycimont.

En cette fin septembre, les Bruyèrois espèrent l'arrivée imminente des Américains. Les caves se transforment en dortoirs. Les Américains sont aux portes de la cité de l'Avison, demain Bruyères sera libre. On se trompait lourdement…

La bataille de Bruyères

Ce texte est issu de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

LA bataille de bruyeres

Du coté Américain, la tête de pont sur la Moselle tient bon. La 36ème Division a traversé, les opérations du 6ème corps commencent mais il devient clair que la résistance allemande s'intensifie et qu'un front compact est en train de s'établir.

Le jeudi 28 septembre, le 141ème R.I. se rend depuis Eloyes et Docelles en direction de Xamontarupt, entre le 143ème R.I. à droite et le 142ème R.I. à gauche. Le départ de l'opération se situe à St Jean du Marché et Laveline du Houx. Le premier objectif du 141ème R.I. est Herpelmont.

Le 2e bataillon remonte la vallée du Rhône dans des camions
 

Les F.F.I. de Bruyères installent leur poste de commandement à Docelles auprès des Américains.

Le bombardement américain commence à Brouvelieures le vendredi 29 septembre, où les Allemands ont reçu l'ordre de tenir la vallée de la Mortagne. A Bruyères, ils ont reçu l'ordre de faire sauter les installations stratégiques et les S.S. et miliciens quittent Bruyères en laissant derrière eux des empreintes sanglantes.

Le premier obus américain s'abat sur la cité de l'Avison le 30 septembre. Il y en aura trente cinq mille autres. Les alliés tentent d'encercler Bruyères, ne laissant à l'ennemi qu'un tiers de cercle par où s'échappera le gros des troupes à la dernière minute. Les forêts environnantes sont garnies de canons américains qui tirent sur Bruyères.

Le dimanche 1er octobre, s'abat sur Bruyères un déluge de feu et d'acier à un rythme d'un obus par minute. Deux chars allemands attirent des rafales violentes à tous les endroits où ils se mettent en batterie. Dans la soirée, la Wehrmacht fait évacuer les maisons de l'Ouest et du Sud de la ville. Les personnes évacuées sont logées dans les caves et 150 d'entre elles s'installent dans le sous-sol de la salle des fêtes.

Lundi 2 octobre, sous la bénédiction de Moulin, André Villaumé, Raymond Georges et André Ferry passent les lignes ennemies pour donner des renseignements au deuxième bureau américain du Capitaine Greene. Ils lui communiquent les emplacements des mines, des batteries d'artillerie et des lignes de défense ennemies. Le Capitaine Greene confie comme mission à André Villaumé de se rendre jusqu'à Biffontaine, prendre mentalement les positions ennemies dans les communes de Laveline, La Chapelle, Yvoux et Les Poulières. Raymond Georges et André Ferry, iront au même titre à Vervezelle, Belmont, Domfaimg et Bois de Champ.

Les bombardements continuent et le 5 octobre, Max Henri Moulin transmet au Capitaine Greene les renseignements rapportés par Villaumé, Ferry et Georges. Ces trois personnes, avec le feu vert de Moulin, rejoignent les F.F.I. d'Albert Mercier à Cheniménil. Le soir du 6 octobre, Ferry, Georges et Villaumé rentrent avec Lulu 4315 (Louis Courroy membre de l'O.S.S.). Le Capitaine Greene veut que Courroy arrive le plus tôt possible à St Dié afin de rétablir le contact avec la résistance car les renseignements n'arrivent plus au P.C. américain.


Dimanche 8 octobre, la 36ème division piétine toujours à quelques kilomètres de Bruyères. Le colonel Pence (36ème division) a envoyé une compagnie de Q.M. d'Epinal en direction de Marseille pour aller chercher un régiment supplémentaire, car la 36ème division couvre un secteur trop vaste. Vu la difficulté que devrait poser la capture de Bruyères, le Q.G. a fait appel au 442ème régiment de combat et au 100ème bataillon qui viennent de s'illustrer sur les plages italiennes de Monte Cassino.

Pendant ce temps, la bataille fait rage sur Bruyères et les habitants s'organisent pour la distribution de la soupe populaire dans les caves de la salle des fêtes. La nuit tombée, seuls les soldats allemands fréquentent les rues.

Même en plein jour, les F.F.I., sous les ordres de Moulin, effectuent des missions de repérage des positions allemandes à Bruyères et dans les environs. Marcel Veck, Gaston Perrin, Pierre Poix, Georges Bontemps, Pierre Parisot, Fernand Bosshardt et Renée Ranfaing font un travail efficace. L'épicerie de Mme Baudelet sert de boite aux lettres. Georges, Villaumé et Ferry passent et repassent les lignes ennemies assurant ainsi la transmission des informations au Capitaine Greene. A Docelles, le Q.G. d'Albert Mercier se prépare à organiser les premiers jours qui suivront la libération. Louis Gillon, Henri Kilfiger, Georges Janot, Charles Claudon, Charles Etienne, Henri Mougeolle, René Fischer, Paul Thiriat, Georges Develotte, René Barbier, Marcel Pierre et le docteur Henri Alimant seront là pour prêter main forte en cas de besoin.

 

Le 9 octobre, le Capitaine Greene reçoit de Max Moulin un plan quadrillé du secteur, avec les positions allemandes.

Les combats font rage sur Laval. Le 10 octobre, Villaumé passe les lignes en compagnie du père Thiry qui se trouvait ces jours derniers à prêter main forte à l'hôpital de Bruyères. Il vient demander aux américains de ravitailler rapidement l'hôpital de Bruyères qui manque des choses les plus élémentaires. A présent, Moulin demande de lancer l'offensive. Impossible lui répond Greene, la 36ème division ne possède plus de renforts, l'essence ne suit pas et les munitions commencent à manquer. Profitant de son retour sur Bruyères, Villaumé fait passer deux membres des renseignements, Odette Génuée et Mademoiselle Simone. Il faudra les diriger vers les Rouges Eaux puis St Dié.

Pendant ce temps, Courroy de retour de St Dié, a pu transmettre à Moulin le plan de défense de la ville de St Dié. Moulin va le remettre lui-même à Greene. Celui-ci apprécie et profite de la venue de Moulin pour lui annoncer que l'offensive sur Bruyères n'est plus qu'une question d'heures.

Mercredi 11 octobre, aucun changement, Bruyères est toujours ivre d'obus. Après trois jours de voyage sous la pluie et de bivouac, le 442ème régiment de combat et le 100ème bataillon arrivent à Charmois-devant-Bruyères. Le 442ème régiment de combat est rattaché à la 36ème division du Texas, le Colonel Singles, du 442ème se rend à la réunion d'état-major pour prendre connaissance du plan de bataille des jours à venir.

La bataille de Bruyères peut à présent commencer. Le quartier général américain demande à Max Moulin de lui fournir des guides sûrs pour les régiments de combat. Moulin désigne sept hommes. Ferry, Villaumé et Georges vont faire passer à travers les lignes allemandes, Jean Drahon, Henri Mougeolle, Marcel Bello et Louis Thuron. Sur Bruyères, la nuit est terrible car les Américains intensifient leurs tirs de barrage en vu de lancer l'offensive.


L'Avison littéralement pelé

   

Le jeudi 12 octobre, les Allemands évacuent Brouvelieures, qui reçoit plus de 500 obus par jour.

L'Est et le Sud du cours de la vologne, entre Herpelmont, Laval et Docelles, sont aux mains des 141ème et 143ème régiments. Sur le coté Nord de la rivière, les Allemands ont été délogés de Deycimont, Le Roulier, Lépanges et Fays. Le 142ème demeure en réserve prés de Réhaupal. Le 442ème R.C.T.(Régimental Combat Team) est stationné dans la forêt au Nord-Ouest de Fays.

L'attaque de Bruyères est décidée pour le samedi 14 octobre. Le 442ème reçoit pour mission de s'emparer de la lisière et des hauteurs Nord de Bruyères. Le 143ème sorti de la ligne de combat, est venu également à Fays avec comme objectif le Sud de la ville et les villages de Champ le Duc et de Laval.

Le samedi 14 octobre, une grande agitation règne parmi les troupes allemandes qui sont encore à Bruyères. C'est un enfer : canons, mortiers, mitrailleuses, avions qui piquent sur les convois et déchargent leurs bombes. Sur la route de Vervezelle, un convoi est presque entièrement détruit. Pendant deux heures la tour de l'avison est la cible des obus.

Le 442ème approche de Bruyères, située à la jonction de trois routes importantes. La ville est le principal objectif de la 36ème division commandée par le général John E. Dalquist. La cité est entourée du Nord-Ouest à l'Est par quatre collines (Haut de Helledraye, Buémont, Pointhaie et l'Avison) occupées par l'ennemi, il faut prendre ces collines avant de libérer Bruyères.

En plus de sa propre artillerie, le 442ème comprend la compagnie C. du 636ème bataillon anti-chars, la compagnie D. du 83ème bataillon de mortier de 120 et la compagnie B. du 752ème escadron de chars. Des éléments du 36ème groupe de reconnaissance et la 88ème compagnie sanitaire leur sont également rattachés. André Villaumé, Jean Drahon et Marcel Bello se trouvent en compagnie du 100ème bataillon. André Ferry et Henri Mougeolle accompagnent le 2ème bataillon du 442ème, Paul Charpin et Louis Thuron, le 3ème bataillon.

Les forces ennemies se composent, elles, d'un régiment d'infanterie, soutenues par un bataillon de mitrailleuses et un groupe de tanks.

La forêt est dense, emplie de brume et ruisselante de pluie. A la tombée de la nuit, les hommes terrés dans leurs trous individuels, attendent les durs combats du lendemain. Pendant la nuit, la route de Belmont est sans cesse harcelée par les obus américains. Les incendies en ville se multiplient, ne pouvant pas être circonscrits car les canalisations d'eau sont depuis longtemps détruites par les bombardements.

voir la carte des opérations
 

Le 15 octobre, les deux bataillons de tête, le 100ème et le 2ème, partent en colonne. A 9h15, une section de la compagnie B. rencontre une mitrailleuse allemande et quelques hommes. Le Capitaine Sakae Takahashi commande le tir des tanks qui réduit au silence cette première résistance. Cinq soldats allemands se rendent. Plus loin, la compagnie B. débouche sur un champ de mines balayé par l'infanterie et les tanks allemands. De plus, des barrages de troncs d'arbres bloquent l'unique route de ce secteur. On fait appel au génie qui se fait tirer dessus par quatre mitrailleuses allemandes.

L'unité de réserve, la compagnie A. subit un tir de barrage ennemi. Vingt hommes sont blessés dont deux grièvement et un mortellement. Une section de mortier attachée à la compagnie D. perd 12 hommes. Pendant ce temps, les bombardements continuent sur la ville et le quotidien des habitants devient de plus en plus préoccupant. Trois avions alliés attaquent les batteries allemandes de la route de Vervezelle et l'observatoire de l'Avison.

En milieu de journée, au Nord du haut de l'Helledraye, le 100ème est stoppé par un nid de mitrailleuses. Le combat est terrible car l'ennemi bénéficie de l'avantage du terrain. Il sera finalement anéanti et le génie va pouvoir enfin commencer son travail de dégagement. Les compagnies B. du 100ème et F. du deuxième bataillon du 442ème, engagent l'offensive mais la résistance est bien ancrée. Les compagnies C. du 100ème et E. du 2ème bataillon du 442ème arrivent en renfort. La résistance est plus dure que prévu.

Le bilan de la journée est maigre : une avancée de 450 mètres et 20 prisonniers ennemis (19ème régiment de police et 223ème grenadier Allemand ). Après interrogatoire, il s'avère qu'à leur niveau, ils n'ont pas beaucoup d'informations sur le dispositif de défense ennemie mais affirment qu'ils ont l'ordre de tenir jusqu'au dernier homme.

Sur la droite des opérations, le 3ème bataillon du 143ème se rend maître de Laval. A Bruyères, il n'y a plus de pain depuis trois jours, plus de viande depuis huit jours, plus de lait et pour ainsi dire plus d'eau. Le maire fait distribuer des biscuits caséinés qui sentent le moisi. Les Allemands tirent pratiquement sans interruption sur les collines où se trouvent les Américains et ceux-ci leur rendent coup pour coup.

Le lundi 16 octobre, vers 11 heures, les compagnies E et F du 2ème bataillon occupent l'Helledraye. Alors que les combattants traversent la vallée à découvert pour prendre le château, ils essuient des tirs nourris venant de leur objectif. Au même moment, à gauche, le 100ème bataillon rencontre les mêmes ennuis.
 

Vers midi la compagnie B de Takahashi descend vers la lisière du bois à la basse de l'ane. Ils doivent traverser, eux aussi, une vallée plane de prés de 100 métres pour atteindre leur objectif qui est la montagne de Buemont. Les Allemands y sont retranchés, au pied de Buemont une cinquantaine de soldats ennemis attendent, cachés dans des fermes armés de mitailleuses. Canardé, le 100ème bataillon ne parvient pas à atteindre Buemont.

Juste à la tombée de la nuit un bataillon ennemi, appuyé par des tirs de mortiers de l'artillerie et des chars, lance une contre offensive. Le gros de l'attaque est concentré vers le 2ème bataillon au pied de l'Helledraye vers la route de Fays. Le 552ème d'artillerie américain lance un tir de barrage en direction de cette contre offensive et brise l'assaut mais malgré cela de durs corps à corps ont lieu et c' est difficilement que cette contre attaque est repoussée.

En ce soir du 16 octobre les 100ème et 442ème n'ont guère avancé et les combats continueront la nuit sur la route de Fays au pied de l'Helledraye.

Le 143éme quant à lui a pris Champ le Duc. Il semble donc que les Allemands aient concentré leur défense sur Bruyères et les forêts qui la dominent.
 

Le 17 octobre, le temps est toujours à la pluie et cette journée n'est qu'une suite d'offensives américaines et de contres offensives allemandes, au pied du château et de Buemont. Les 100ème et 442ème sont mis à rude épreuve. De plus les Allemands ont fortifiés les maisons au pied des collines, ces bâtiments résistent aux tirs d'artillerie et il faudra aller déloger les mitrailleuses qui s'y trouvent.

Le commandant de la compagnie C envoie 5 hommes pour traverser la Basse de l'Ane et recueillir des informations sur les forces ennemies. Au cour de cette reconnaissance Masanao Otake sera tué après avoir abattu plusieurs Allemands ( La Distinguished Service Cross lui sera remise à titre posthume). Les renseignements recueillis au cour de cette expédition seront capitaux pour l'attaque du lendemain.

Pour le 143ème la progression est désormais très lente. Le quartier Humbert et les cités de Laval sont en flammes.

En ville la rue Léopold, la rue Joffre et la place du collège sont en feu. Grâce à un réservoir se trouvant à 500m les pompiers réussiront à circonscrire le feu.

Au Q.G. américain, les prisonniers allemands indiquent que des unités supplémentaires seront jetées dans la bataille et que le 736ème grenadier tient Bruyères. Le 49ème bataillon d'ouvrage est également en place, il est doté de mitrailleuses, ce type de bataillon est utilisé pour créer des positions défensives permanentes.

Le mercredi 18 octobre, à 9h40 cinq bataillons d'artillerie (60 canons) font feu aussi souvent que possible. Ils couvrent littéralement d'obus le château et l'Helledraye pendant 35 minutes, la ville n'est pas épargnée. A 10h les mortier chimiques prennent le relais enfumant la ville et les deux montagnes.

A 10h15, le tir de barrage s'arrête et l'offensive est lancée sur tous les fronts :

• Huit compagnies de la 442ème en direction du château et du centre ville. A midi les compagnies F et G ont un point d'encrage au pied du château. A 16h des éléments de la compagnie I contournent le château et se frayent un chemein sur la pente sud. Débordés par ces multiples attaques, les Allemands du château se rendent. Une fois le château pris, la compagnie L entre dans Bruyères par la rue Joffre, avec elle se trouvent le sergent-chef Paul Charpin et Louis Thuron.

• Le 1er bataillon du 143ème R.I. sur la route de Laval à l'entrée de Bruyères

• Le 100ème bataillon en direction de Buemont en traversant la Basse de l'Ane. A 11h les hommes sont au pied de Buemont et les mitrailleuses situées dans les maisons fortifiées sont neutralisées. Ils commencent leur ascension de Buemont, la compagnie A se dirigeant vers Les Baraques et la compagnie C vers l'Ecrevisse. A 15h Buemont est tombé.

A 18h30, le 442ème et le 143ème se rejoignent au carrefour du Bayeux. Cette journée s'achève sur un bilan de 135 prisonniers ennemis et à peu prés autant de morts et de bléssés. Les prisonniers allemands proviennent du 736ème régiment de grenadiers, de la 198ème division du général Wagner et du 192ème régiment de chars. Des obstacles de béton ont été érigés sur la route, le 232ème Génie fait sauter le premier le jour même.

Mais les allemands résistent toujours place Stanislas, les 2ème et 3ème bataillon progressent maison par maison. A minuit l'ennemi baisse pavillon. Le 100ème bataillon stationne au pied du château coté croix sapin.

 

Le jeudi 19 octobre, à l'aube le 100ème descend sur Pointhaie, ils tombent sous un feu nourri de l'ennemi, obligeant la compagnie B à se mettre en position de défense. A 9h05 le 100ème bataillon remonte à l'assaut de la colline de Pointhaie en utilisant une technique particulière : Les hommes portent des pièces de métal dans le dos, celles ci reflétant la lumière du jour permettent aux suivants de continuer le feu sans toucher ceux qui marchent devant. Le 100ème s'empare du massif de Pointhaie en un temps record avec seulement une dizaine de pertes et font 50 prisonniers allemands.

L'objectif suivant est l'Avison, à 10h les 2ème et 3ème bataillons du 442ème attaquent simultanément. Mais à10h30 l'ennemi lance une forte contre offensive en direction de Pointhaie, appuyée par les chars et de l'artillerie. Le Général Dalquist ordonne de laisser Pointhaie, la mort dans l'âme le capitaine Kim et ses hommes quittent Pointhaie, se repliant en réserve au pied du château. Les Allemands reprennent position au sommet de Pointhaie. A midi l'Avison tombe aux mains des alliés. Les bombardements américains cèdent maintenant la place aux bombardements allemands.

Les 143ème de la 36ème Division et 179ème de la 45ème division ne parviennent pas à reprendre Pointhaie et ils subissent de lourdes pertes.
 

De ce fait, les 2ème et 3ème bataillon, se retrouvent en sailli dans les positions allemandes au niveau du remblai de la voie ferrée. Empêtrées dans un champs de mine, les compagnies I et K devront rester sur place du fait de la forte résistance rencontrée en face.

Dans Bruyères, Moulin a reçu l'ordre du capitaine Greene de placer des hommes à la surveillance des principaux points stratégiques. Rétabli dans ses fonctions de maire, Gillon conseille à la population de ne pas manifester sa joie car la ville est encore encerclée par les Allemands.

Le vendredi 20 octobre, dans la nuit, une centaine de soldats allemands se sont infiltrés sur les pentes de l'Avison. Lors de la contre attaque, le sergent Robert H. Kuroda de la compagnie H, se distinguera héroïquement mais sera tué. Il recevra la D.S.C. à titre posthume.

A midi, Pointhaie est repris avec le renfort du 100ème bataillon. Sur l'Avison les troupes ennemies infiltrées sèment le trouble à l'arrière des 2ème et 3ème bataillon.
La compagnie F en réserve est envoyée en renfort. Lors des combats le sergent Abraham Ohama est blessé, il est secouru par des brancardiers, mais l'ennemi ouvre à nouveau le feu.

 

 Le sergent est abattu sur place, ce qui a pour effet de révolter ses hommes qui se lancent à l'assaut. Dans le combat sanglant qui s'ensuit une cinquantaine d'Allemands seront tués.
Les 2ème et 3ème Bataillons se trouvent à présent au pied du petite Avison et du Landrebec. Une colonne blindée allemande est repérée remontant la route de Belmont à Bruyères, si elle continue elle va couper le régiment en deux. Quatre Thunder-bolts survolant les opérations piquent sur la colonne, détruisant sept véhicules, les autres faisant demi tour sur Belmont.

Au cour des combats au pied du Landrebec un sous lieutenant allemand, adjoint au comandant de secteur est tué. Il porte sur lui les plans de défense de tout le secteur. Avec ce plan le Q.G. américain travaille de suite à la recherche des moyens de briser le système défensif ennemi.

En ville les premiers camions de ravitaillement arrivent, un poste de secours américain est installé à l'hôpital et les blessés sont évacués sur Epinal, Eloyes, Contrexéville etc …

L'offensive sur la Meurthe

Ce texte est issu de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

L'offensive sur la meurthe

Pour les Allemands, Bruyères représente une sanglante défaite. En une semaine de combats ils ont perdu prés de 1500 hommes dont 645 prisonniers. Le commandement américain décide que le moment est venu de déclencher une grande offensive pour prendre la Meurthe de St Dié au nord.

La 3ème Division en réserve depuis 10 jours attaquera par la vallée des rouges eaux. La 36éme Division occupant un front allant du Tholy à Belmont.

 

Samedi 21 octobre

• Les 2ème et 3ème bataillons du 442ème tentent de prendre la côte 505 du Landrebec. Appuyés par un tir d'artillerie, qui provoquera la mort de 80 Allemands, à midi ils prennent possession des lieux. L'ennemi décroche. A 15h ils se situent au lieu-dit « La Broquaine ». Le 2ème bataillon reste stationné en réserve et le 3ème se porte au nord est, au lieu- dit le « Cul des Loches » pour nettoyer une poche de résistance logée entre Belmont et le 100ème Bataillon.


 

 

• Le 100ème Bataillon progresse sur la ligne de crête du sentier des duc, en forêt de Borémont. Il a pour objectif la croix Thomas au dessus de Biffontaine. A 15h il y parvient, des éclaireurs leurs annoncent que les Allemands sont devant et sur le coté. Ils risquent de se retrouver isolés. Mais le commandement leur demande d'établir un cercle de défense.

• Sur Brouvelieure le 179ème R.I. de la 45ème Division vient de prendre la cote 511, Fouchon. Un tir de barrage s'abat sur Brouvelieure, le 179ème lance l'offensive sur les quartiers ouest du village et se rend maître d'un tas de ruines. Au total 22 000 obus sont tombés sur la commune.

voir la carte des opérations

 

Dimanche 22 octobre

Le 100ème devra prendre les hauteurs nord et ouest de Biffontaine ( la crête de Chétimont et la Tête de la vielle Corre ). Le 3ème Bataillon attaquera le village en traversant de la gauche par la croix Thomas. Le 7ème d'infanterie de la 3ème Division avancera au nord de Belmont. Le 143ème d'infanterie se déplacera vers Biffontaine à travers la vallée entre Les Pouliéres et La Chapelle. Le 141ème partira de Belmont pour gagner l'éperon boisé qui domine Vanémont, sur la gauche de la division. Le 111ème Génie, appuyé par le 232ème Génie construira des routes pour assurer le ravitaillement. L'état major américain a demandé des guides F.F.I. pour accompagner le 141ème et les 2ème et 3ème bataillons du Texas.

• Le 100ème pivote sur sa droite depuis la croix Thomas, la compagnie C occupe la Tête de Chétimont, la compagnie A la Tête du Bacon. La compagnie B prend position de l'éperon situé au sud ouest de Biffontaine, de manière à pouvoir attaquer au mortier la route au sud de Biffontaine.

Vers 12h les trois compagnies fondent sur Biffontaine, l'ennemi voyant la manoeuvre contre attaque violemment appuyé par l'artillerie et la D.C.A. Le 100ème Bataillon est stoppé et se trouve dans une situation critique, privé de ravitaillement car les 2ème et 3ème Bataillon du 442ème restent bloqués à la croix Thomas et au col de l'Arnelle.

 
 

Les tentatives de ravitaillement à l'aide de blindés, échouent, la pluie et la boue perturbent la progression de ces véhicules et les rendent vulnérables face à l'ennemi. Seule une section de ravitaillement à pied réussi à percer mais ne trouvant pas le 100ème dépose son chargement au niveau de la croix Bleue avant de rebrousser chemin.

• A 8h30 le 3ème Bataillon du 442ème monte avec trois compagnies depuis le « Cul des Loches » en direction de la croix Thomas. A 12h, au niveau de la Croix de Frésimont, les troupes sont attaquées de face, de gauche et de la Croix Thomas

• A 8h30 le 2ème Bataillon du 442ème grimpe à travers la forêt depuis la Broquaine, pour couvrir le flanc droit du 100ème Bataillon. Les compagnies E et F sont canardées par une centaine d'Allemands qui ont investi les surplombs du col de l'Arnelle pendant la nuit.

A la fin de la journée le 100ème est isolé et à court de munitions.

Lundi 23 octobre

Le commandement de la 36ème Division ordonne que Biffontaine doit être pris aujourd'hui. Les hommes de la compagnie B du 100ème découvrent le ravitaillement déposé la veille à la croix Bleue, 350m en arrière de leurs positions. Cette découverte va soulager le Bataillon.

A 10h toutes les compagnies repassent à l'attaque. La compagnie C capture dans une maison un poste de commandement des transmissions allemandes, avec Major, Lieutenant et aide d'Etat-Major. Ils saisissent aussi, cartes, armes et munitions en quantité importante. Les combats sont violents et meurtriers car les Allemands lancent une contre attaque avec des chars. En début d'après midi le village est aux mains des Hawaïens, mais ils sont encore très isolés. Retranchés, ils subissent durant la nuit de nombreuses contres attaques qu'ils repoussent que grâce aux armes saisies à l'ennemi. Elle ne prendront fin qu'à la suite de meurtriers corps à corps. Les pertes sont lourdes.

A Biffontaine, le mardi 24 octobre à 10h30, le Colonel Singles reçoit par radio l'ordre de résister. Le 442ème se dirige vers l'avant, accompagné à droite par le 143ème du Texas et à gauche par le 141ème.

Le 111ème Génie suivant pour construire une route de ravitaillement. La tâche s'avère très difficile car le terrain est gorgé d'eau. Après un passage de quelques véhicules la route est bonne à refaire. Il faudra travailler d'arrache pied afin de permettre aux chars de monter pour déloger l'ennemi.

Le 1er Bataillon du 141ème, accompagné par Grandjean et Poirat, oblique sud-est en bordure d'une chaîne très boisée qui part de Biffontaine et se termine au dessus de Vanémont. Le Bataillon rencontre peu de résistance et progresse très rapidement. Il se trouve prés de son objectif en milieu d'après midi.

Une contre attaque ennemie coupe les arrières du 1er Bataillon, il se retrouve isolé et encerclé au Trappin des Saules à plus de 3Km des plus proches unités alliées. Bombardés de toute part le Bataillon perd 50 hommes au cours de cette attaque. Deux compagnies ennemies ( 700 hommes) commencent à fortifier leurs positions dominantes à la borne 6. Le sergent des transmissions du 1er Bataillon 141ème lance un court message « Pas de vivres, pas d'eau, peu de munitions, cas difficile »

Les 2ème et 3ème Bataillons du 141ème, appuyés par une compagnie de tanks, engagent une contre attaque vigoureuse pour tenter une percée vers le Bataillon isolé. Ils sont repoussés à chaque offensive par un ennemi bien retranché dans des positions fortifiées.

Voué à une disparition certaine, le 1er Bataillon du 141ème devient le « Bataillon Perdu »

Biffontaine est toujours sous les bombardements allemands. A 17h, un groupe de ravitaillement parvient jusqu'au 100ème et les chars américains brisent les lignes de défense du village. Des éléments du 3ème Bataillon 442ème venant de l'arrière, apportent du soutient au 100ème. Les 232ème et 111ème Génie ouvrent enfin la route Belmont-Biffontaine aux véhicules. Toute la nuit les Allemands contre-attaquent, la dernière charge d'infanterie se brisera sur les défenses du 100ème et l'ennemi finira par battre en retraite.

Mercredi 25 octobre

Bruyères reçoit toujours des salves d'obus allemands, la prudence est toujours de mise dans la ville.

A Biffontaine l'heure est à la relève. Les unités du 143ème, quelques sections du 141ème, les 100ème et 3ème Bataillons du 442ème rejoignent Belmont pour se reposer.

Les 2ème et 3ème Bataillons du 141ème Texas ne parviennent toujours pas à rejoindre le Bataillon perdu. Ils subissent de lourdes pertes car les Allemands sont solidement installés et difficiles à atteindre avec l'artillerie du fait de la forêt dense et de la proximité du Bataillon perdu.

 

L'évolution de la situation est suivie par le Président Roosevelt lui-même. Il faut dire qu'il ne s'agit pas de n'importe quel régiment. Le 141ème du Texas a été crée en 1835, lors de la révolution du Texas. On connaît l'histoire de Fort Alamo, où s'illustra le colonel Davy Crockett et où le drapeau du 141ème du Texas flottait avec son unique étoile. A partir de ce moment priorité est donné au sauvetage du Bataillon perdu.

Ce texte est issu de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

 

Le bataillon perdu

Le Jeudi 26 octobre, au Trapin des saules, le bataillon perdu entame son troisième jour d'encerclement. Les hommes se terrent pour échapper aux tireurs d'élite et à l'artillerie allemande. Higgins envoie une patrouille de 36 hommes pour percer les lignes allemandes, ils tombent dans une embuscade et seul 5 hommes réussiront à rebrousser chemin vers le bataillon perdu. Un seul d'entre eux est passé de l'autre coté, il s'agit du soldat Horace Malé.

Le Vendredi 27 octobre à 4 heure du matin les hommes montent depuis Belmont vers le Trapin des saules :

  • Les 100ème et 3ème Bataillons
  • La compagnie B du 753ème bataillon de chars
  • Une section de la compagnie de canons du 442ème
  • La compagnie D du 83ème bataillon de mortiers chimiques
  • Une section du 232ème Génie
  • Les 522ème et 133ème d'artillerie de campagne se tenant prêts à intervenir

Le travail du 11ème Génie est considérable car c'est maintenant 6 bataillons du 442ème qui montent sur le théâtre des opérations, avec véhicules et blindés. Les nuits sont mises à profit pour remettre en état la route à l'aide du bulldozers postés aux endroits stratégiques. Les Allemands ont repéré l'emplacement de cette route et la pilonnent sans arrêts.

Depuis la croix François les 100ème et 3ème Bataillon s'orientent sud est, à gauche le 2ème bataillon pousse nord est vers Langefosse.

Plus bas, prés de la vallée, au dessus des Freys et de Harimé les 2ème et 3ème bataillons du 141ème Texans essaient de rejoindre l'avant. Guidés par les F.F.I. Caël et Parisot, ils sont précédés par des chars légers qui avancent avec difficultés.
 

Les troupes se heurtent aux mines, chars, l'artillerie et l'infanterie allemande qui sont en position défensive et utilisent au mieux le terrain accidenté de la montagne vosgienne. Les combats sont terribles et le soir le régiment n'a progressé que 275 métres.

En cette fin de journée du 27 octobre le bataillon perdu déplore déjà 150 tués. Ils manquent de tout, eau, vivres, médicaments. L'artillerie tente de leur faire parvenir des colis par canon, mais ceux ci tombent aux mains de l'ennemie ou éclatent dans les cimes des arbres.

Le samedi 28 octobre, toutes les unités du 442ème attaquent les positions allemandes retranchées sur les hauteurs de la tête de la Louviére.

• Les compagnies B et C tombent dans un piége et perdent 20 hommes. La tête de la Louviére se révèle être un véritable enfer, pilonnée par des tirs d'artillerie ennemie d'une violence inouïe.

 
 

Dans la journée les 100ème et 3ème bataillons ont progressé de 500 mètres et sont bloqué à la cote 617 par un champ de mines.

• La compagnie K entre Langefosse et les Cuveaux, se heurte à un dispositif de défense composé de blocs de Béton anti chars, renforcé par la présence d'infanterie munie d'armes automatiques de mitrailleuses et de grenadiers. Grâce à une action héroïque du sergent major Gordon Yamashiro, la compagnie réussie à briser cette ligne de défense.

• Sur l'aile gauche le 2ème bataillon du 442ème a pour objectif la butte de Fouchon d'Erival où l'ennemie y a construit un nid de résistance. A la tombée de la nuit les compagnie E , F et G sont au pied de la butte. Ils ont fait prisonnier quelques soldats allemand du 202ème bataillon de montagne.

Les prisonniers ennemis permettent d'identifier les forces en présence :

  • 338ème Division d'infanterie
  • Les 933ème et 198ème régiments de fusillés

Ce sont apparemment des troupes fraîches.

Le général Dahlquist commandant de la 36ème Division US ordonne au 442ème de percer coûte que coûte.

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Dimanche 29 octobre

• Vers 9h, les 100ème et 3ème bataillon du 442ème attaquent ensemble. Ils sont arrêtés net au col de la croisette par une forte position défensive et des champs de mines. Au niveau du 3ème bataillon, les hommes du sergent major Fujio Myamoto de la compagnie K sont bousculés par de violents tirs d'artillerie et de mitrailleuses. Ils subissent de lourdes pertes et se replient.

A midi c'est le statu quo, le colonel Pursall appelle alors les tanks pour un feu direct, car l'action de l'artillerie est rendue imprécise par l'épaisse forêt. Elle risque de toucher les positions alliées.

Une ultime attaque des compagnies I et K parvient à déloger l'ennemie du col de la croisette. Une cinquantaine d'Allemands sont tués et la centaine de survivants se replie à la baignoire des oiseaux. Le 3ème et 100ème bataillon du 442ème poursuit l'ennemie et de violents corps à corps à la baïonnette ont lieu.

• Les 2ème et 3ème bataillons du 141ème Texan reçoivent l'ordre d'aller anéantir un commando allemand qui s'est infiltré à l'arrière droite du 100ème bataillon au niveau du col de la croisette. Cette infiltration menace dangereusement l'attaque du col de la croisette.

A Fouchon d'Erival , deux pelotons de la compagnie G lancent une attaque frontale de la Basse des pesées, mais ils rebroussent chemin face à la forte résistance ennemie. Pendant ce temps les compagnies E et F prennent à revers les positions allemandes.

 
 

Sous l'impulsion du courage du sergent Tsunéo Takemoto les compagnies E et F sèment la confusion chez l'ennemie. A découvert et exposé au feu des Allemands, ils vont forcer l'issue du combat. Une centaine de soldats allemands sont abattus et 41 sont capturés.

A 15h le 2ème bataillon a pris position à Fouchon d'Erival, au prix de lourdes pertes.

Le problème du ravitaillement du bataillon perdu n'est toujours pas résolu. Le Q.G. décide d'utiliser des bombardiers P47 pour le parachuter. Les hommes du 1er Bataillon balisent avec ce qu'ils ont sous la main ( sous- vêtements blancs etc …). Après un premier essai infructueux, un container de secours arrive à bon port en début d'après midi.

A la tombée de la nuit les 3ème et 100ème bataillons s'enterrent entre le col de la croisette et la baignoire des oiseaux, redoutant une contre attaque allemande.

Au cours de cette journée les Allemands auront perdu sur ce petit secteur de combat plus de 350 hommes et le 442ème régiment la moitié de sa force de combat. Les compagnies I et K sont pratiquement anéanties. Les survivants des compagnies A, B et C sont au nombre de 233 seulement.


Lundi 30 octobre, sixième jour d'encerclement du bataillon perdu. Les 275 survivants parmi les 600 hommes du 1er bataillon partis de Belmont, s'apprêtent à subir l'assaut final des Allemands. En effet ceux ci sentant l'approche du 442ème veulent anéantir ce qu'il reste du bataillon perdu.

 
 
 

Heureusement pour les Texans, l'attaque allemande se concentre sur les positions défensives les mieux garnies.
Le 3ème bataillon est en première ligne et se lance à l'assaut du col des Huttes, dernier rempart avant d'atteindre le bataillon perdu. Ce qu'il reste des compagnies I et K montent en premier avec courage. Après des combats à la baïonnette ils prennent position sur la colline. Mais rapidement ils rebroussent chemin car à leur grande surprise des chars allemands sont en position. Malheureusement la proximité du bataillon encerclé ne permet pas de réduire cette dernière poche de résistance avec l'artillerie. La seule solution est l'assaut arme au poing mais le prix à payer est démentiel. Avec à leur tête le capitaine Byrne les 3ème et 100ème bataillon montent au pas de charge.

Vers 14h le soldat Mutt Sakumoto, un de 8 survivants de la compagnie I entre en contact avec le sergent Edward Guy de 1er bataillon 141ème. Le reste des hommes du 442ème arrivent rapidement sur les traces de Sakumuto, notamment Chester Tanaka, Rudy Tokiwa, Tom Kawano, Nob Kimura, Takeo Sensaki, Shig Doi etc….Les gars du 141ème accueillent avec joie leurs libérateurs, mais au 442ème le sentiment est plus amer. Car les pertes sont très lourdes, sur les 800 hommes des compagnies I et K seul 25 sont encore debout au Trapin des Saules.

Le Q.G. de la 36ème division reçoit un message : « Ici 141ème , patrouille du 442ème avec nous. On les aime !…. »

Ce texte est issu de l'ouvrage « Bruyères-en-Vosges, 2000 ans d'Histoire en parcourant ses rues, le guide du Chemin de la Paix et de la Liberté » de Pierre MOULIN, en vente en mairie.

Liens

 

Le site officiel du Go For Broke Educational Foundation
http://www.goforbroke.org/

Signification du terme Go For Broke
http://www.goenglish.com/GoForBroke.asp

Histoire du 100e bataillon d'infanterie et du 442e RCT
http://www.homeofheroes.com/moh/nisei/index.html
(cliquez sur la médaille pour lire l'histoire)

http://www.katonk.com/442nd/442/page1.html

Libération de Grandvillers
http://grandvillers.free.fr/page11.htm

Histoire de la seconde guerre mondiale

http://hsgm.free.fr/index.htm

http://www.secondeguerre.net/index2.html
http://www.secondeguerre.net/colmar.htm

L'Alsace, la poche de colmar
http://egm237.free.fr/Maquette/Historique/kilstett.htm

Résumé sur la bataille de Lorraine: http://www.thanksgis.com/thanksgis/historique.html

8 mai 1945
http://crdp.ac-reims.fr/memoire/enseigner/

La bataille de lorraine: http://histoire-lorraine.fr

Les sites de Pierre Moulin
http://bruyereschemindelapaix.over-blog.com/
http://www.pierremoulin.com

Projet CAMP US
www.campus-bruyeres.com